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Dans plusieurs régions rurales à proximité de centres urbains, comme c’est le cas de la commune de Langouët, les communautés subissent de très fortes pressions urbaines et font face à une demande grandissante de la part d’urbains qui désirent venir s’installer sur leur territoire. Beaucoup de petites villes voient d’un très bon œil ce phénomène, car il représente une très bonne opportunité d’assurer leur croissance, par l’arrivée de nouveaux résidents qui leur assureront de plus grands revenus. Par contre, l’arrivée de cette nouvelle population peut également avoir des impacts importants sur les milieux ruraux, notamment sur le dynamisme des activités qui s’y déroulent, particulièrement l’agriculture, et sur la qualité de vie des habitants (Simard, 2007, Brisson et al., 2009).

 

 

QUELLE COHABITATION POUR LE MILIEU RURBAIN?

DES PROJETS POUR FAVORISER UN MEILLEUR VIVRE ENSEMBLE

IMPLICATION DES CITOYENS

SÉLECTION ET SENSIBILISATION

CONSERVATION DU TERRITOIRE AGRAIRE

CONTRIBUTION AU DÉVELOPPEMENT LOCAL

Un autre enjeu soulevé par la rurbanisation concerne directement l’installation d’une nouvelle population, au sein d’une population locale plus ancienne. Alors que la première s’installe sans lien apparent avec la terre et ses ressources, les activités de la seconde sont souvent orientées vers l’agriculture. De cette cohabitation peut émerger à la fois des conflits d’usage, issus de l’incompatibilité entre certaines activités agricoles et des nuisances qu’elles entraînent, et les activités résidentielles, et des conflits liés à des valeurs antagonistes, en lien avec le mode de vie de chacun.  

 

COHABITATION HARMONIEUSE // La cohabitation harmonieuse se définit comme le respect et la compréhension mutuelle de tous les groupes et acteurs présents sur un même territoire, afin qu’aucun ne nuise aux activités des autres sans se compromettre lui-même et ses activités. Cela pourrait même aller plus loin et consister en une aide mutuelle des acteurs du territoire rural, permettant de tisser des liens sociaux plus fort au sein de la communauté.

Les efforts pour favoriser l’intégration des nouveaux projets dans la communauté déjà en place ont été déployés dès la conception des projets de lotissements. Pour s’assurer que ces derniers cadrent bien avec le contexte local, les élus ont mis en place des moyens afin d’impliquer les citoyens dans le processus d’élaboration. Ceux-ci ont donc été concertés et ont été invités à partager leurs points de vue et leurs idées concernant l’avenir et leur vision de la communauté, ainsi qu’à donner leur avis à propos des projets. De plus, plusieurs activités ont été organisées autour des projets pour faciliter la concertation entre les différents acteurs concernés et développer un sentiment d'appartenance au projet de la part de la population. Par exemple, un groupe de suivi des projets rassemblant, des élus, des techniciens et des citoyens a été formé et des animations sur le thème du logement durable ont été organisées pour sensibiliser l’ensemble de la population (Der Madirossian et Vautrin, 2011).

Le projet de Langouët met également de l’avant l’importance de l’intégration des nouveaux résidents dans la communauté déjà en place afin d’éviter les clivages et les conflits entre la population de plus longue date. Les élus ont donc imaginé un processus de sélection et de sensibilisation des futurs acquéreurs des nouvelles maisons qui sort de l’ordinaire.

 

Lorsque les terrains et les maisons sont mis en vente et que des acquéreurs potentiels manifestent leur intérêt, les élus les sélectionnent selon leur niveau de revenu. Ils privilégient les familles ayant des revenus moyens à faibles, puisqu’ils considèrent que ce sont ces derniers qui ont généralement plus de difficulté à devenir propriétaire d’une résidence. Après les avoir bien informés sur le projet, ils accordent ensuite aux familles six mois de réflexion afin qu’elles prennent réellement conscience de la nature du projet d’écoquartier et de la spécificité des maisons écologiques. Cette période permet également aux futurs propriétaires de se familiariser avec ce qu'implique d'habiter quotidiennement dans ce type de communauté, en plus de prendre conscience de ce qu’implique la vie dans un milieu rural. 

La commune s’assure par la suite que les nouveaux résidents sont bien intégrés à la communauté et organise chaque année, une rencontre qui rassemble tous les résidents, pour souhaiter la bienvenue aux nouvelles familles et aux nouveaux-nés (Der Mardirossian et Vautrin, 2011; Le Dû, 2010).

Malgré les fortes pressions immobilières, que subit la région et les nouveaux projets de développement mis en place, la municipalité a jugé primordial de préserver les terres agricoles de son territoire. Pour ce faire, les deux projets de lotissements ont été implantés en continuité avec le bourg existant pour éviter de miner le territoire agricole, ce qui pourrait nuire à l’activité des producteurs. Les lotissements ont également été conçus de façon compacte avec des terrains de moins grande superficie que dans des développements résidentiels classiques. Les espaces agricoles sont donc préservés.

Afin de préserver les terres agricoles de façon permanente, la municipalité s’est également fixée une limite à ne pas dépasser en ce qui concerne la croissance de sa population et donc, de sa zone urbanisée. On prévoit un plafond de 600 à 700 habitants pour la municipalité qui en compte actuellement 580 avec les deux nouveaux lotissements. La croissance ne se fera pas non plus uniquement sur des terrains non construits. La prochaine étape d’extension est prévue à l’intérieur même du centre villageois par la revitalisation des bâtiments dont une partie est actuellement vacante. On cherche donc à utiliser tous les espaces disponibles avant d’aller empiéter sur la zone agricole.

 

Les élus souhaitaient également que les projets d’écoquartiers de Langouët contribuent réellement à la croissance et au dynamisme de la commune, et pas uniquement avec un nouvel apport de taxes. On a donc fait en sorte que ces projets agissent comme leviers pour le développement local.

 

Tout d’abord, toutes les nouvelles constructions et rénovations ont été réalisées avec des matériaux et de la main-d’œuvre locale. Cela contribue à mettre en valeur les ressources de la région tout en fournissant de l’emploi et en s’assurant de la continuité avec le cadre bâti se trouvant sur le territoire puisque celui-ci était construit à l’aide de ces mêmes matériaux.

 

Ensuite, la commune valorise les aliments de provenance locale, ayant parcouru la moins grande distance possible et l’agriculture biologique qui a moins d’incidence sur l’environnement. Les actions de la SAFER vont également dans ce sens. C’est également un moyen de faire prendre conscience à la population de l’importance de l’agriculture pour la consommation de tous les jours et de son importance dans l’économie locale, et sur l’importance de protéger cette activité. On a donc créé une cantine pour l’école de la commune, qui propose aux élèves des repas préparés avec des aliments complètement biologiques et de provenance la plus locale possible. Cette action, en plus d’offrir des produits plus sains aux enfants, permet de valoriser l’agriculture locale pour laquelle on se donne tellement d’efforts pour la maintenir sur place et de créer des emplois puisque tous les aliments sont transformés sur place.

En effet, un des principaux enjeux concernant la rurbanisation des campagnes est celui de la préservation des terres agricoles, ressource non renouvelable et essentielle à l’ensemble de la société et au dynamisme économique des communautés. La construction de nouveaux lotissements autour des villages est souvent synonyme de transformation des terres arables en quartiers d’habitation dont les terrains et les maisons sont, la plupart du temps, très consommatrices d’espaces. Le régime fiscal en place est à la base de ces décisions car les terres ont plus de valeur et apportent de meilleurs revenus aux municipalités lorsqu’elles sont construites que lorsqu’elles sont en culture. (Serrano, 2005).

Suite à cela, une phase de sensibilisation et de conseil est menée auprès des futurs acquéreurs. Ce n’est pas tout. Les familles qui décident d’aller de l’avant avec l’acquisition d’une maison s’engagent à fournir l’équivalent de 30 jours de travail afin de terminer la construction de leur maison ainsi que celle des autres, sous la supervision d’experts des Compagnons Bâtisseur Bretagne. Cela permet naturellement de faire diminuer les coûts, mais permet de créer un réel sentiment d’appartenance au projet et un esprit de communauté fort.

L’action la plus innovatrice se trouve par contre dans un outil réglementaire mis en place par la communauté de commune dont Langouët fait partie, afin de s’assurer du dynamisme de l’activité agricole dans la région. La communauté de commune s’est donc dotée d’un outil règlementaire pour empêcher l’urbanisation de terres agricoles dans le cas où leurs propriétaires décidaient de les mettre en vente. Cela se fait avec un partenariat avec la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER) et fait en sorte que lorsqu’un terrain agricole est mis en vente, la SAFER a le droit à la priorité d’achat. Elle affecte ensuite les terres à de l’agriculture maraichère biologique. Cet action assure le maintien de l’activité agricole sur le territoire tout en encourageant des productions respectueuses de l’environnement et qui répondent aux besoins alimentaires de la population locale (Der Madirossian et Vautrin, 2011; SAFER).

La commune de Langouët fait également face aux pressions de la part des centres urbains situés à proximité. Les élus sont conscients que la commune se doit de croître pour s’adapter à cette nouvelle demande globale, tout en étant également conscients des enjeux liés à l’urbanisation des milieux ruraux. Les deux projets de lotissements qu’ils ont mis en place ont été élaborés de façon à ce qu’ils s’adaptent aux problématiques de leur milieu afin que leur communauté n’en ressente que des effets positifs. Tous les éléments ont été mis en place afin d’arriver à une cohabitation la plus harmonieuse possible des usages et des différents types de population.

  • Source :Bing maps
  • Source : Cornillet architecte
Source :echobio.fr
  • Source :Bing maps
Source : intelligenceverte.org
  • Source : CERTU, 2010

Les actions innovatrices de la commune de Langouët ne se font pas de façon complètement autonome. La commune fait partie d’organisations régionales qui la soutiennent dans ses démarches de développement durable et qui font en sorte que ses actions aient un impact plus grand qu’au seul niveau de la petite commune. Elle est intégrée à la communauté de commune de Val d’Ille, qui rassemble 10 communes de la région et qui présente une vision et des objectifs de développement pour l’ensemble du territoire qui en fait partie. De cette façon, les projets d’aménagement de chaque communauté sont intégrés dans une vision d’ensemble de la région et cadrent dans les dynamiques régionales qui ne pourraient pas toujours être perçues sans vision d’ensemble. La communauté de commune contribue également à mettre en commun certaines ressources pour l’ensemble des communes, comme des services liés au développement et à l’aménagement du territoire, ou à l’insertion des personnes sur le marché du travail. Par exemple, la communauté de commune a mis en place un schéma de déplacement communautaire afin de favoriser les modes de transport alternatifs à la voiture par un réseau de transport en commun entre les communes et les centre urbains de la région. Cette vision commune et ce partage de ressource permet de lutter contre la concurrence qui se développe parfois entre les petites communes qui cherchent à attirer de nouveaux résidents, des services et des équipement sur leur propre territoire pour offrir une meilleure qualité de vie à ses habitants, et ainsi augmenter ses revenus de taxe. Le partage et la mise en commun leur permet profiter de services et de ressources dont elles ne pourraient pas avoir accès si elles devaient les gérer individuellement (Communauté de communes Val d’Ille).

 

 

VISION RÉGIONALE CONCERTÉE

La commune de Langouët est également intégrée à l’association Bruded (Bretagne Rurale et rUrbaine pour un Développement Durable) qui consiste en un réseau de partage d’expériences entre des élus et des collectivités mobilisés autour du développement durable, afin de mettre en œuvre des projets de développement durable et solidaire sur le territoire. L’objectif de l’association consiste à favoriser les échanges afin que les collectivités se soutiennent mutuellement pour arriver à des réalisations concrètes de développement durable de leur territoire tout en favorisant une démocratie participative afin que les habitants s’approprient leur cadre de vie et en deviennent acteurs. Cette association permet donc que les expériences de mise en place de projet soient diffusées, principalement par l’organisation de visite dans les communes où se sont réalisés des projets innovateurs (Association Bruded).

Source : bruded.org
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